de Yidir » Lun Juil 25, 2005 10:25
M'chedallah
Disparition des fontaines publiques
L’histoire de l’AEP et des fontaines publiques à M'chedallah remonte à l’année 1880, date de la création du centre de colonisation au lieudit “Souk N’Tlata”, ou (marché du mardi), qui portera le nom de “Maillot” dès 1881. La construction de ce village situé sur le territoire de la tribu des M’chedalli, commune mixte de Béni Mansour, à l’époque, s’est effectuée en évacuant hors de ce futur village tous les autochtones qui avaient pris part à l’insurrection de 1871. Plus de 680 hectares ont été alors séquestrés. Mais pour l’installation future des colons, il fallait alimenter le village en eau potable. Pour cela, l’administration coloniale de l’époque a songé de capter l’eau de la source “N’Tala N Vuhrav”, située à 1200 m d’altitude, à une dizaine de km au nord de ce futur village (Maillot).
Mais il se trouve que cette eau de source était déjà exploitée auparavant pour l’irrigation des terres des populations locales, mais aussi celles (les terres) du village “Nat Yevhrahim” le plus vaste et le plus peuplé à l’époque, lieu d’ailleurs, où est implanté ce centre de colonisation.
Pour éviter toute confrontation avec les habitants de ce village, qui avaient même déposé en 1882 une pétition dans ce sens auprès de l’administrateur local, une fontaine publique fut construite ultérieurement à la sortie nord de ce village.
C’était la première fontaine publique de la région, qui porte le nom jusqu’à présent “Tala N’Taqucht”. En outre, l’administrateur colonial de l’époque avançait l’argument sécuritaire. Selon lui, les gens “Nat Yevrahim” n’auront aucun prétexte pour venir chercher de l’eau au futur village de “Maillot”.
Avant l’avènement de cette fontaine, les villageois s’alimentaient en eau depuis une source dite “Tala Nat Salah”, située à 3 km, au nord du village, en pleine forêt, qui était d’un débit insignifiant. Jusqu’à 1958, “Tala N’Taqucht” était le seul point d’eau pour tout le village. Tellement l’attente pour le remplissage de leurs outres était longue et ennuyeuses, on racontât que les femmes prenaient le soin d’y amener avec elles leurs cardes et leurs dévidoirs à soie pour travailler la laine.
Il a fallu attendre la fin de 1958 pour que l’administration coloniale décida alors de construire d’autres fontaines dans différents quartiers du village. On cite entre autres, “Tala B Buchène” (la fontaine du chacal), Tala Umahras (Pierre creuve servant pour broyer blé, café, feves, etc…) enfin “Tala U Aâquv”. De nos jours, de toutes ces fontaines il ne reste malheureusement que des ruines, sinon plus rien. Elles sont à sec et abandonnées à leurs sorts après que les habitants ayant bénéficié du réseau AEP.
Ces points d’eau et bien d’autres, qui représentaient un symbole pour la femme kabyle et qui étaient la raison d’être et de vivre pour plusieurs générations de ce village révolutionnaire, méritent bien d’être restaurées et sauvegardées. Ne serait ce que pour le bonheur des générations à venir.
Farid A.
La Depeche de Kabylie